19 avril 2024

Elle ne m’autorise pas à être telle que je suis

Une exploration du Travail de Byron Katie

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L’envie de partager et de remercier me tire du lit ce matin. Quelque chose a envie de s’écrire dans ma tête et les mots se bousculent de façon un peu désordonnée.

J’éprouve beaucoup de gratitude pour toutes les personnes qui m’entourent, de près ou de loin et qui me soutiennent dans ma pratique du Travail de Byron Katie. 

C’est ce que j’aime, entre autres dans cette approche. Il y une multitude de formes de pratique, pour que chacun.e qui le désire puisse la vivre : Seul.e, à l’écrit, avec un.e facilitateur.trice, en groupe, sur 20′ ou plusieurs jours, à voix haute ou en silence. 

Tout est possible.

J’aime être accompagnée par une autre personne. Sa présence, je la vis comme un contenant, pour que je puisse plonger en moi, avec le soutien des 4 questions du Travail. Je sais intimement qu’elle est là, à la fois pour moi et pour elle-même. Cette personne est vivante et en résonance avec ce qui me traverse, elle me soutient à partir de cet espace. 

Hier soir, une amie demande qui est disponible pour l’accompagner dans une exploration. Je le suis. Je suis aussi chargée d’un moment de grande tension avec une personne proche qui s’est déroulé quelques heures auparavant. 

J’aime remarquer qu’à ce moment-là, la personne qui cherche un.e partenaire est parfaitement là pour moi. Je pensais être faciliatatrice, je suis cliente. Au fond, c’est pareil, je fais mon Travail. J’explore mes pensées stressantes et leurs effets dévastateurs, mais aussi éclairants sur la façon que j’ai de vivre le monde, cette personne en particulier. 

Je découvre que les histoires douloureuses du passé sont encore à l’oeuvre parfois.

Dans cet espace soutenu, je peux explorer qu’il est vrai, et puis pas complètement vrai que cette femme ne m’autorise pas à être telle que je suis. Je peux ensuite aller regarder ce qui se passe en moi et dans mon comportement lorsque je crois cette pensée. Beaucoup de violence, contre moi, contre elle. Il y a une grande souffrance qui est à l’oeuvre. Le corps entier est tendu, la poitrine est douloureuse. Je suis telle une petite fille à peine née qui se vit mal venue dans ce monde. Pas désirée, pas à la bonne place et de la bonne manière. Elle croit encore qu’elle n’est pas autorisée à être ce qu’elle est. Mieux ceci, moins bien cela. La rage m’envahit et je suis prête à détruire. J’attaque fort, je donne même un coup de pied dans un carton de déménagement et suis à la limite de me taper la tête contre une fenêtre. Je hais cet être, je crois ne plus jamais vouloir être en sa compagnie. C’est une ennemie et c’est de sa faute, à cause d’elle que je souffre. Je suis une petite qui a mal et quand je crois cette pensée que qu’elle ne m’autorise pas à être telle que je suis, je ne suis pas bonne pour moi non plus.

Parce que le Travail vit en moi, je vois venir la question : qu’est-ce que cette pensée m’empêche de voir. C’est une sous-question qui parfois me soutient, sans être systématique bien entendu.

Un voile se lève et j’entrevois cette personne et l’espace dans lequel je me situe. Elle, je peux tout à coup la voir, son visage, l’expression de ses yeux, le ton de sa voix, la tension de son corps. Je peux la reconnaître et remarquer que quelque chose ne fonctionne pas pour elle.

Naturellement la question 4 se pose. Sans la pensée, à ce moment-là, dans la même situation, je suis une femme debout dans un couloir. La pièce s’est reconstituée, je vois la lumière du jour par la fenêtre. Je regarde la femme Je suis consciente de ce qu’elle exprime. Je peux la rejoindre dans cet espace où, je le vois maintenant, clairement, quelque chose ne fonctionne pas du tout pour elle. Je peux rejoindre l’endroit où, peut-être, elle croit ne pas non plus avoir le droit d’être telle qu’elle est. Je sens une ouverture, une curiosité, une disponibilité. Mon corps est droit, apaisé. Je ne suis pas en danger.

Les retournements s’imposent d’eux mêmes. Je ne m’autorise pas à être telle que je suis : là avec eéée car je crois que je n’aurais pas dû venir, aussi dans cette colère dévastatrice que je juge et dont j’ai honte. Le mode habituel de réagir dans ces moments-là, est l’attaque. Je ne m’autorise pas à ressentir pleinement ce que j’éprouve comme douleur intérieure. Je m’en vais.

Je ne l’autorise pas à être telle qu’elle est : cela est bien vrai également.

Je veux qu’elle réalise ses projections. Je ne supporte pas son mode de m’accueillir, jugé par moi expéditif. Je ne l’autorise pas à être en colère contre moi, à être en colère. J’attends d’elle qu’elle réalise ses projections, qu’elle remarque son aveuglement.

Elle m’autorise à être telle que je suis : elle n’est pas partie, ne m’a pas demandé de m’en aller. Je remarque qu’elle n’a pas ce pouvoir. La vie m’autorise pleinement à être celle que je suis et depuis toujours sans aucun doute, malgré ce que je crois fermement parfois. Même plus tard, lorsqu’elle me dit qu’elle en a marre que je souffre, cela ne veut pas dire qu’elle ne m’autorise pas à être celle que je suis. Elle me regarde et exprime ce qu’elle veut elle, ce qui est juste pour elle. De cela non plus je ne l’autorise pas.

Un nouveau retournement vient tandis que je témoigne ici : je ne l’autorise pas à être celle que je suis. Etre en colère, avoir des exigences, me vouloir différente comme je la veux différente …

Je ne voulais pas faire le Travail tout de suite car une part de moi n’aime pas reconnaître que je peux m’être trompée, que j’étais aveuglée. La vie m’a ramené là où je retrouve l’amour de moi et l’amour de l’autre.

En plongeant dans la pratique, je me reconnecte à cet être chéri qui semble bien en difficulté à ce moment-là aussi. 

Je vois qu’il y a encore de profondes croyances à ne pas être autorisée à être celle que je suis, et que, chaque, fois cela me sépare des personnes que je juge coupables. Je leur dis pardon car cela se passe bien avant que je le décide. Des larmes perlent. La joie de pouvoir demander pardon. Et de me demander pardon de ne pas pouvoir faire autrement. Je ne suis pas non plus coupable de cela. 

Oui, je peux demander pardon et je vois mon innocence à ce moment-là. Il n’y dès lors rien à pardonner. Une précieuse prise de conscience à partir de cette démarche : Je ne suis pas coupable de croire ce que je crois lorsque je le crois. L’autre non plus. Et cela ne veut pas dire que je ne remets pas en question mes pensées. 

Car au fond, ça souffre tant que la vie en moi demande que je fasse le Travail.

J’ai longtemps été dans la colère et le ressentiment et même si je suis encore identifiée parfois comme la petite victime abandonnée, c’est encore plus douloureux d’être dans la colère la séparation.